Changement climatique rend les canicules récentes ‘quasiment impossibles’, selon une étude
Selon les chercheurs du World Weather Attribution (WWA), si nous ne parvenons pas à réduire rapidement les émissions, nous pouvons nous attendre à ce que les épisodes de canicule deviennent plus fréquents et plus sévères.
Les canicules, produit du changement climatique
Le réseau scientifique international World Weather Attribution (WWA) a récemment confirmé ce que beaucoup soupçonnaient déjà : les canicules que nous vivons actuellement en Europe et aux États-Unis auraient été « quasiment impossibles » sans le changement climatique. Des températures dépassant les 50 degrés dans la Vallée de la mort aux États-Unis, ou encore 43°C à Phoenix depuis plus de trois semaines en sont des exemples frappants.
Selon le WWA, les émissions de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine ont rendu les canicules plus chaudes, plus longues et plus fréquentes. En Chine, l’impact du changement climatique a rendu la vague de chaleur récente « au moins 50 fois plus probable ».
Impacts du réchauffement climatique sur l’intensité des températures
Pour établir ces conclusions, une équipe internationale de sept chercheurs du WWA a analysé des données météorologiques historiques ainsi que des modèles climatiques. Leur étude a permis de comparer le climat actuel, réchauffé de 1,2 degré, à ce qu’il était auparavant.
Il apparaît ainsi que le réchauffement climatique amplifie l’intensité des températures : les canicules en Europe sont 2,5 °C plus chaudes, celles en Amérique du Nord augmentent de 2°C et celles en Chine de 1°C.
Dans le passé, de tels évènements auraient été aberrants. Mais dans le climat d’aujourd’hui, ils peuvent maintenant se reproduire approximativement tous les 15 ans en Amérique du nord, tous les 10 ans en Europe du sud et tous les 5 ans en Chine.
Mariam ZachariahScientifique à l’Imperial College de Londres, qui a contribué à l’étude
Des vagues de chaleur plus fréquentes à l’avenir ?
Les scientifiques concluent que les récentes vagues de chaleur ne sont plus des évènements exceptionnels. Ils préviennent que celles à venir « seront encore plus intenses et plus courantes si les émissions ne sont pas réduites rapidement ». En effet, bien que des phénomènes naturels comme les anticyclones ou El Nino puissent déclencher ces canicules, le réchauffement des températures de la planète en brûlant des énergies fossiles est la raison principale de leur gravité.
Ils estiment que ces canicules « deviendront encore plus fréquentes et arriveront tous les deux à cinq ans » si le réchauffement climatique atteint les 2 degrés, ce qui pourrait se produire d’ici une trentaine d’années, à moins que tous les pays signataires de l’accord de Paris ne respectent leurs engagements de réduire rapidement leurs émissions.
Les canicules, la nouvelle norme ?
Friederike Otto, climatologue britannique, souligne que ce début d’été « pourrait devenir la norme (…) et même être considéré comme frais si on n’atteint pas la neutralité carbone ». Elle insiste sur le fait que nous sommes vulnérables face aux effets du réchauffement climatique, qui cause des décès. Cependant, elle rappelle que « ces vagues de chaleur ne sont pas la preuve d’un ’emballement du réchauffement’ ou d’un ‘effondrement du climat’. Nous avons encore le temps » d’inverser les choses.
