Chine : pour entrer au bureau, les salariés de Canon sont obligés de sourire
Un système d'ouverture des portes basé sur l'intelligence artificielle ne laisse pas entrer les employés qui n'affichent pas un large sourire... forcé ou non !
Quoi de mieux que de tester ses innovations technologiques au sein de ses propres bureaux ? Depuis plusieurs années, l’entreprise Canon travaille activement sur des systèmes de reconnaissance des visages basés sur l’intelligence artificielle.
Une technologie que la firme teste directement sur ses employés, notamment dans l’une de ses succursales chinoises. Dans les bureaux, les salariés qui n’affichent pas un large sourire sont en effet interdits d’accès dans certains espaces…
Pas de sourire, pas de réunion
Cette information qui en dit long sur l’utilisation de la surveillance de masse en Chine a été révélée par le Financial Times. C’est au sein de la Canon Information Technology basé à Beijing que l’entreprise a décidé d’installer ce système de vidéosurveillance ayant recours à la reconnaissance faciale.
En plus de l’utiliser pour contrôler les accès à certaines zones de ses bureaux, la direction du site aurait décidé de refuser l’accès aux salles de réunion aux salariés qui ne sourient pas assez. Selon Canon, le fait d’habituer les gens à croiser des visages souriant à longueur de journée permettrait de lutter contre la morosité ambiante et de finalement induire un sourire presque automatique chez les employés.
Un management par l’IA inquiétant
Si ce système peut prêter à sourire, il est le reflet de politiques managériales de plus en plus intrusives dans les entreprises chinoises. L’étude du Financial Times révèle en effet certaines techniques recourant à l’IA qui ont de quoi faire froid dans le dos. Ainsi, les salariés chinois sont régulièrement épiés sur leurs moindres faits et gestes au sein de l’entreprise grâce à des systèmes de surveillance très poussés (temps de pause déjeuner, temps passé derrière son écran d’ordinateur, temps de productivité, efficacité du travail, temps passé pour circuler d’un bureau à un autre….), mais ils sont également de plus en plus épiés en dehors du lieu de travail.
Ainsi, les smartphones professionnels des salariés chinois sont régulièrement équipés d’outils de tracking permettant d’étudier les faits et gestes de ces derniers même lorsqu’ils ne sont pas au travail. Si ce genre de pratiques est difficile à concevoir chez nous, elle démontre bien comment la surveillance de masse s’immisce de plus en plus dans la société chinoise. Les systèmes de surveillance via reconnaissance faciale ne sont en effet pas l’apanage du monde professionnel, mais sont également utilisés en nombre dans l’espace public chinois. Un état de fait qui, à force d’habitude, semble de plus en plus accepté par la population.