Chute de la sexualité chez les jeunes : signe d’une vague dépressive grandissante
La baisse de l'intérêt pour le sexe chez les jeunes Français serait due à la pornographie facilement accessible, à l'isolement dû à la technologie et à la crise du Covid-19. Qu'en pensez-vous ?
TL;DR
- Les jeunes Français montrent un désintérêt croissant pour le sexe.
- Les écrans, le porno et la crise du Covid sont des facteurs majeurs.
- Les experts recommandent une éducation sexuelle plus approfondie.
Le sexe en berne chez les jeunes Français
Le désir sexuel des jeunes Français est en déclin. Selon une étude récente de l’Ifop, plus d’un quart des 18-24 ans n’ont pas eu de rapport sexuel au cours de l’année écoulée. Un chiffre qui a quintuplé depuis 2006. Face à cette « sex recession », les experts pointent plusieurs facteurs.
Les écrans, un obstacle à l’intimité
Les écrans, omniprésents dans notre quotidien, sont identifiés comme un frein à l’intimité. Margot Fried-Filliozat, sexothérapeute et éducatrice à la vie sexuelle, note que les jeunes sont constamment sollicités par les notifications et les réseaux sociaux. En conséquence, près de la moitié des moins de 35 ans vivant en couple admettent avoir déjà esquivé une relation sexuelle pour regarder un film ou une série.
L’addiction aux écrans est aggravée par l’accès facile au contenu pornographique sur Internet. « Le porno impose ses normes violentes, un imaginaire morne », déclare Fried-Filliozat.
La dépression et la peur de l’intimité
Le contexte sociétal actuel, marqué par une vague de dépression parmi les jeunes adultes, exerce également une influence négative. Catherine Blanc, psychanalyste et sexologue, souligne que cette dépression inhibe la pulsion de vie nécessaire à une sexualité épanouie.
La pandémie de Covid-19 a été un véritable séisme émotionnel, engendrant une peur de l’intimité et modifiant profondément la manière dont les jeunes adultes perçoivent le corps des autres.
Le mouvement #MeToo et le consentement
Le mouvement #MeToo a également eu un impact sur la sexualité des jeunes. Les femmes se forcent de moins en moins à avoir des relations sexuelles non désirées. Selon Fried-Filliozat, le respect accru du consentement peut parfois être paralysant.
Repenser l’éducation sexuelle
Face à ces défis, les experts préconisent une éducation sexuelle plus approfondie. « Apprendre à écouter son désir », « déconstruire ses croyances » et « savoir communiquer » sont autant de compétences qui doivent être enseignées, selon Fried-Filliozat. Blanc insiste sur la nécessité de cours de civisme pour réapprendre à vivre ensemble et à faire société.
En conclusion, il est clair que le « réarmement démographique » ne sera pas une tâche facile. Pourtant, en repensant l’éducation sexuelle et en adressant les problèmes sociaux et psychologiques de notre temps, nous pourrions bien être en mesure de renverser la tendance.