Covid-19 : Depuis le début de la pandémie, des progrès dans la prise en charge des cas graves
L'AFP a interrogé des spécialistes, aussi bien en France qu'aux Etats-Unis, afin qu'ils fassent le point sur les progrès réalisés dans ce domaine précis.
Le Pr Eric Maury, président de la Société de réanimation de langue française (SRLF), l’affirme : “Beaucoup de progrès ont été faits” dans la gestion des patients les plus gravement atteints par le nouveau coronavirus, par rapport au début de l’épidémie. Même son de cloche pour Daniel Griffin, à la tête des maladies infectieuses chez ProHEALTH, qui regroupe un millier de médecins oeuvrant dans 22 établissements hospitaliers de la région new-yorkaise : “La survie s’est considérablement améliorée aux États-Unis, dans tous les groupes d’âge”.
L’usage des corticoïdes
Premier “outil” permettant cette amélioration, les corticoïdes. Ils sont les seuls, depuis que leurs bénéfices ont été observés par une série d’études, à réduire la mortalité des patients gravement malades (réduction de 21 % de la mortalité au bout de 28 jours). Une démonstration que l’OMS a prise à son compte en préconisant leur “usage systématique chez les patients atteints d’une forme sévère ou critique”.
Une intubation évitée à tout prix
Kiersten Henry, infirmière à l’hôpital MedStar d’Olney dans l’Etat du Maryland, constate quant à elle : “Au début, on intubait les patients très vite. Maintenant, on fait tout pour éviter l’intubation”. Très invasive, potentiellement vectrice de nouvelles infections, on lui préfère désormais l’oxygénothérapie à haut débit. Elle consiste à insuffler au patient de forts volumes d’oxygène par l’entremise d’embouts situés dans le nez.
Une révolution dans la prise en charge
Le Pr Griffin résume : “Sur l’intubation, les corticoïdes, les anticoagulants ou l’hydroxychloroquine, il y a eu une volte-face complète entre début mars et début avril. Les principales mesures qu’on a mises en œuvre début avril étaient à l’opposé des recommandations de début mars, et c’est cette approche qu’on utilise toujours aujourd’hui”. Cependant, tout en déclarant que ces progrès sont communs à toute épidémie, et que l’on en sait toujours plus au fur et à mesure de son évolution, les spécialistes rappellent, à l’instar de Marc Leone de la Société française d’anesthésie et de réanimation : “Il y aura toujours des décès. Il ne faut pas que les gens pensent qu’on a trouvé les traitements contre cette maladie”. Le combat est encore long, et il passera entre autres par la découverte d’un vaccin efficace.