D'après les chercheurs, la diffusion de la procréation médicalement assistée (PMA) et les grossesses tardives peuvent expliquer ce fort regain depuis les quarante dernières années.
Le Musée de l’Homme et l’Institut national d’études démographiques (Ined), dans un communiqué commun, annoncent qu’il n’y a jamais eu autant de naissances de jumeaux dans le monde. Parue dans la revue Human Reproduction, leur étude conclut que “Plus de 1,6 million de paires de jumeaux naissent chaque année dans le monde”, soit “près d’un bébé sur 40”. Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques (INED), explique que depuis les années 1980, le taux de naissance de jumeaux au niveau mondial a augmenté d’un tiers, passant de 9,1 à 12 pour 1 000 accouchements.
Le rôle de la diffusion de la PMA
Cette augmentation concerne essentiellement les “faux jumeaux”, et deux facteurs suffisent à expliquer le bond en question : d’abord la diffusion de la procréation médicalement assistée (PMA), laquelle favorise les probabilités de naissances multiples; et ensuite, l’âge plus tardif des femmes enceintes qui augmente la probabilité d’une grossesse gémellaire.
Asie et Afrique, deux continents à forts taux de jumeaux
L’autre donnée étonnante est liée au fait qu’1,3 million de jumeaux naissent en Afrique, et 1,3 million en Asie. Le solde (600 000 enfants) est réparti sur les autres continents. Plus précisément, ce sont 8 jumeaux sur 10 qui naissent dans les deux continents cités. Comment l’expliquer ? L’Asie regroupe 60% de l’humanité. En ce qui concerne l’Afrique, le communiqué indique que même si ce continent rassemble 17% des êtres humains, le taux de natalité y est “bien supérieur qu’ailleurs” et le “taux de gémellité est le plus élevé du monde”.
Une conséquence en termes de santé publique
Mais ce “boom” de jumeaux pose problème, car ces bébés naissent souvent avec un poids plus faible que la moyenne car souvent prématurés, et présentent une mortalité plus élevée que les autres. Les auteurs du communiqué indiquent qu’ainsi, “les pouvoirs publics et les collèges de médecins essaient depuis plusieurs années de modifier les pratiques médicales afin que la PMA aboutisse à des grossesses uniques plutôt que multiples. Résultat, nous avons peut-être atteint un sommet en matière de taux de gémellité, en particulier dans les pays riches où la PMA s’est le plus diffusée jusqu’ici”.