Déforestation en Amérique du Sud : Casino mis en demeure par plusieurs ONG
La coalition d'ONG adresse une mise en demeure au groupe Casino, relative à l’approvisionnement en bœuf de certaines de ses filiales en Amérique du Sud.
Un groupement d’associations colombiennes, brésiliennes, américaines et françaises (Opiac, COIAB, FEPIPA, CPT, FEPOIMT, Canopée, Envol Vert, Mighty Earth, Notre Affaire à Tous et Sherpa) mettent aujourd’hui en demeure le groupe Casino. Leurs avocats lui rappellent que le groupe est tenu “de respecter les obligations légales qui s’imposent [à lui] en matière de devoir de vigilance et de risques liés à la déforestation en Amérique du Sud”.
Le rapport qui a tout déclenché
Le collectif base sa mise en demeure sur un rapport reliant quatre fermes liées à la déforestation illégale au Brésil, en Amazonie et dans le Cerrado, à 52 produits “vendus en rayon et aussi dans les étals de boucher de deux magasins du groupe”. L’ONG colombienne déplorait ainsi en juin : “A elles seules, ces fermes représentent 4 500 hectares de forêts coupés illégalement pour laisser place au pâturage de bovins. Des terres autochtones protégées sont également converties”. Les avocats rappellent dans leur courrier que “l’enquête de terrain menée par Envol Vert a permis de démontrer que ces fournisseurs du groupe Casino […] se sont régulièrement fournis auprès de fermes mises en cause dans des activités de déforestation et d’accaparement des terres indigènes”.
Trois mois pour mise en conformité
Que demandent les ONG ? La mise en place d’une cartographie des risques, la traçabilité de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et l’instauration d’un système d’alerte, en cas de violation des droits des peuples amazoniens. Me François de Cambiaire précise que “Lorsque Casino dit qu’ils ont vérifié que leurs trois principaux fournisseurs s’approvisionnent directement auprès de fermes qui ne font pas de déforestation, c’est l’objet de ce dossier de leur dire que ce n’est pas suffisant”. Dans leur communiqué, les associations avancent que si le groupe “ne se met pas en conformité dans un délai de trois mois”, elles pourraient aller en justice et “solliciter la réparation des préjudices qui en découlent”.
Démenti formel de Casino
Au mois de juin dernier, après publication du rapport, le directeur RSE (responsabilité sociale et environnementale) de la société, Matthieu Riché, avait écrit à Envol Vert : “Le groupe Casino, au travers de ses filiales, lutte activement et depuis plusieurs années contre la déforestation liée à l’élevage bovin au Brésil et en Colombie (…) Les allégations de double jeu mettant en cause nos politiques sont dénuées de tout fondement et parfaitement inacceptables”.