“Dépêche-toi esclave” : À Laval, un livreur Uber Eats insulté par une cliente porte plainte
Yaya, un livreur originaire de Guinée, se dit toujours sous le choc après avoir reçu ce message raciste.
Le 14 mai dernier à Laval (Mayenne), un livreur de repas à domicile Uber Eats a été victime d’une injure à caractère raciste de la part d’une cliente trop impatiente. Alors qu’il était en route, elle a écrit (fautes retranscrites) : “Dépêche-toi esclave. Je vais te donner 1 centime tu mérite que sa”. Comment Yaya, originaire de Guinée, sait-il qu’il s’agit bien d’une injure raciste ? “Elle sait que je suis de peau noire. Une fois qu’on a accepté une commande, le client voit notre photo directement sur l’écran. Nous, on voit seulement son nom et son numéro de téléphone : on ne voit pas son visage”, a-t-il expliqué à France Bleu Mayenne.
Un homme “blessé moralement”
Yaya, et on peut le comprendre, n’a pas souhaité livrer la cliente ce soir-là, craignant entre autres que la situation s’envenime : “On est dans un pays de droits, je ne pouvais pas faire justice moi-même”. La commande, en accord avec la plateforme de livraison, est tout bonnement annulée. Et étant donné l’heure tardive, ce n’est que le lendemain qu’il porte plainte pour “injure non publique en raison de l’origine”. Plusieurs jours après, rien n’est digéré : “Je n’arrive pas à dormir comme il faut, j’imagine tout le temps (les mots de la cliente)”.
Uber Eats soutient Yaya
Pour sa part, Uber Eats indique avoir suspendu le compte de la cliente, précisant que la société accompagne ses livreurs dans leurs démarches de dépôt plainte : “Nous coopérons également avec les forces de l’ordre compétentes lorsqu’un partage d’informations est requis”. Dans un communiqué, elle rappelle ne tolérer “aucune discrimination envers les livreurs, les restaurants et les clients, que cela soit en raison de leur origine, de leur religion, de leur handicap, de leur orientation ou identité sexuelle, de leur situation familiale, de leur âge ou tout autre facteur de discrimination”.