En Irlande, 9 000 enfants sont morts dans les anciennes “maisons mère-enfant”
Entre 1922 et 1998, ces institutions accueillaient les mères célibataires rejetées par leur famille. L'Etat a présenté ses excuses après la remise du rapport d'une commission d'enquête.
Entre le début des années 1920 et la fin des années 1990, des “maisons mère-enfant” dirigées par des religieuses catholiques, et avec l’Etat, ont accueilli des mères célibataires. D’après un rapport de la commission d’enquête publié mardi 12 janvier, environ 9 000 enfants y seraient morts. Le Premier ministre Micheal Martin a annoncé qu’il présenterait les “excuses” de l’Etat dans cette affaire ayant révélé des niveaux “inquiétants” de mortalité dans ces maisons.
Ouverture de l’enquête en 2015
Roderic O’Gorman, ministre de l’Enfance, a quant à lui déclaré qu’il est “difficile de concevoir l’ampleur de la tragédie et le chagrin qui se cache derrière ce chiffre de 9 000 enfants et bébés”. Les jeunes filles ou jeunes femmes étaient maltraitées, exploitées, et leurs enfants considérés comme illégitimes qui naissaient au sein de ces établissements étaient la plupart du temps séparés de leur mère pour être adoptés. C’est à la suite des travaux de l’historienne Catherine Corless que la commission d’enquête avait été mise sur pied en 2015. D’après elle, environ 800 enfants nés dans l’une de ces maisons, le foyer St Mary des sœurs du Bon Secours de Tuam à l’ouest du pays, avaient été enterrés dans une fosse commune entre 1925 et 1961.
“Toute la société était complice”
Le rapport évoque un chapitre “sombre et honteux de l’histoire récente de l’Irlande”. Il révèle la “culture misogyne” qui a prévalu dans le pays pendant “plusieurs décennies”, et fait ressortir les “discriminations graves et systématiques contre les femmes, particulièrement celles qui ont accouché hors mariage”. Le Premier ministre a ainsi résumé : “Nous avions une attitude complètement déformée vis-à-vis de la sexualité et de l’intimité”. Ces 9 000 enfants représentent 15% de ceux passés par ces maisons pendant la période analysée par la commission. “Toute la société était complice”, a jugé le Premier ministre.