En Tunisie, émoi et consternation après des condamnations à 30 ans de prison pour un joint
Trois jeunes hommes ont écopé de cette condamnation pour consommation et détention de stupéfiants dans un lieu public.
Dimanche, le juge d’instruction du tribunal de première instance du Kef en Tunisie a condamné trois jeunes hommes à une peine de 30 ans de prison ferme pour consommation et détention de stupéfiants dans un lieu public. Mohamed Faouzi Daoudi, porte-parole du tribunal, a précisé à l’AFP que cette décision “ne porte pas uniquement sur la consommation de stupéfiants, mais aussi sur l’usage d’un terrain de sport pour la consommation de drogue”. Les trois condamnés qui ont moins de 30 ans peuvent faire appel.
Un “verdict injuste”
La loi 52 et ses chapitres 7 et 11 punissent sévèrement la consommation et détention de stupéfiants dans un lieu public. Pour Amna Guellali, directrice du bureau régional d’Amnesty International, juge “inacceptables par principe toutes les condamnations émises concernant la consommation et la possession de stupéfiants”. Selon elle, il s’agit d’“un moyen de dissuasion visant les jeunes, non pas pour introduire des réformes sinon pour briser la jeunesse”. Pour sa part, la Ligue tunisienne des droits de l’Homme a dénoncé un “verdict injuste”. Le responsable de sa branche au Kef, Nour Khammassi, demande une “révision des chapitres de la loi 52”.
“Ils ne sont pas des criminels”
Le député et ancien ministre Hichem Ben Ahmed a aussi réagi, et selon lui “Une erreur de jeunesse ne doit pas détruire leur avenir. Je m’engage avec d’autres collègues, à présenter dans les plus brefs délais un nouveau projet de loi. Nous allons œuvrer avec conviction pour la révision urgente de la loi. Ensemble sauvons ces jeunes et rappelons-nous qu’ils ne sont pas des criminels, mais des cibles et des victimes de criminels qui eux, doivent être traduits en justice”. Raja Ben Slama, universitaire, a également dénoncé : “un verdict absurde et contraire aux droits humains, à la Constitution, aux conventions et à tout ce qui est humain”. La spécialiste de la civilisation arabe, qui est aussi psychanalyste, interroge alors : “Comment comprenez-vous la Constitution, la démocratie et les droits humains ?”.