Espérance de vie : les inégalités se creusent entre urbains et ruraux
L'étude de l'Association des maires ruraux de France pointe une dégradation due entre autres à l'existence de déserts médicaux.
Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l’approche territoriale de la santé, a réalisé une étude, à partir de données Insee, pour l’Association des maires ruraux de France (AMRF). Publiée mercredi, elle révèle selon son auteur une “aggravation au cours des trente dernières années entre les départements ruraux et les départements urbains”, en terme d’espérance de vie. Et ce sont les hommes qui sont les plus mal lotis avec 2,2 ans de moins d’espérance de vie à la naissance, contre 0,9 an chez les femmes.
Pour l’AMRF, il s’agit d'”une réalité”
Dominique Dhumeaux, premier vice-président de l’AMRF, affirme qu’il s’agit bien d’“une réalité” dont il se rend compte sur le terrain. Selon lui, “Il est évident que dans les trois ou quatre ans, les chiffres démontreront que l’espérance de vie se sera encore dégradée à la campagne par rapport à la ville”. L’association juge que “l’État a baissé les bras” face aux fractures territoriales, et “que rien n’est fait pour les combattre”.
Lutter contre les déserts médicaux
Il y a quelques jours, une autre étude de l’AMRF pointait que les habitants des départements ruraux “consomment 20 % de soins hospitaliers en moins que ceux des villes”. Ce qui fait dire à M. Dhumeaux : “Cela démontre, hélas, qu’à force d’être éloignés de l’accès aux soins, les gens ne vont plus ou vont moins chez le médecin ou, quand ils y vont, trop tard”. Michel Fournier, le président du collectif, déplore quant à lui : “On ne prend pas de mesures spécifiques pour ces déserts médicaux. C’est quand même dramatique. Ça veut dire qu’en France, il n’y a plus d’équité. Il n’y a plus cette notion de d’égalité que l’on doit avoir entre le milieu urbain et le milieu rural. Et ça, c’est grave”.