Hautes-Alpes : le président du département jugé pour avoir offert une queue de loup
Pour Jean-Marie Bernard, qui l'avait offerte à l'occasion du départ de la préfère, il s'agissait d'un "acte politique".
Il y a presque un an jour pour jour, le 21 février 2020, le président (LR) du conseil départemental des Hautes-Alpes Jean-Marie Bernard offrait à Cécile Bigot-Dekeyzer, la préfète alors sur le départ, une queue de loup. Aujourd’hui, il est jugé pour détention, transport et cession d’une partie d’espèce protégée devant le tribunal correctionnel de Gap. Pour l’élu, il s’agissait d’un “acte politique” visant à défendre les éleveurs, confrontés aux attaques du loup sur leur bétail. Des associations de défense de l’environnement avaient saisi la justice et l’enquête ouverte par le parquet avait abouti au mois de décembre à une comparution en reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) rejetée par M. Bernard.
“Un clin d’oeil que j’ai voulu faire”
Pour Me Neveu, avocat de l’élu, “Compte tenu de la dimension politique, ce procès n’aurait jamais dû avoir lieu”. IL y a un an, Jean-Marie Bernard avait assuré à l’AFP : “c’est un clin d’œil que j’ai voulu faire et un geste fort : les préfets passent, le loup reste et les éleveurs sont toujours aussi désespérés”. Et sa défense affirme qu’il “n’est ni de près ni de loin un braconnier”. Il aurait trouvé cette queue sur sa boîte aux lettres quelques semaines avant la cérémonie et serait “incapable de dire si c’est une queue de loup”.
Un animal “illégalement prélevé”
Mathieu Victoria, l’avocat de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui a porté plainte, est lui aussi affirmatif : “C’est une queue de loup qui vient d’un animal qui n’a pas été légalement prélevé”. S’appuyant sur une analyse génétique, il assène que “L’acte politique ne constitue pas une exception à la responsabilité pénale”. Le délit pour lequel l’élu comparaît aujourd’hui est passible de trois ans de prison et 150 000 euros d’amende.