Le Sénat rejette une proposition de loi pour un « élevage éthique »
Même si le Sénat a reconnu des "objectifs nobles", il leur a opposés le "bien-être des éleveurs".
Mercredi, le Sénat à majorité de droite a rejeté une proposition de loi portée par Esther Benbassa (EELV) pour « Un élevage éthique, juste socialement et soucieux du bien-être animal ». La sénatrice a déploré que la Chambre haute « soit si loin des demandes de la population, des demandes des jeunes, des demandes des consommateurs ». Les élus, qui examinaient le texte dans le cadre d’une « niche » parlementaire réservée au groupe écologiste, ont évoqué ses « objectifs nobles » mais ont fait valoir « le bien-être des éleveurs ».
Que proposait le texte ?
Parmi les mesures portées par ce texte, figurait un dispositif visant à atteindre progressivement un élevage offrant un accès au plein air à tous les animaux d’ici 2040. Le plafonnement de la durée maximale de transport d’animaux vivants dans l’Hexagone (8 heures pour la majorité des espèces et 4 pour les volailles) était aussi prévu. Mais tout broyage ou gazage de poussins mâles devait aussi être prohibé dès le 1er janvier 2022. Le gouvernement avait promis la fin de cette pratique d’ici « fin 2021 », mais la filière n’y sera pas prête. L’élue écologiste rappelle qu' »En France, 80% des animaux sont dans des élevages intensifs. (…) Ces animaux subissent dans des ‘fermes-usines’ des traitements cruels et parfois intolérables ». Elle affirme en outre que « les agriculteurs sont les premiers à pâtir de l’élevage industriel ».
Un texte qui « favorise le soupçon à l’égard des agriculteurs »
Pour le sénateur Henri Cabanel (RDSE à majorité radicale), il convient de s’interroger s’est interrogé sur « l’opportunité » de ce texte dans un contexte de « mal-être des agriculteurs ». Quant à marie Evrard (RDPI à majorité en Marche), la proposition « favorise le soupçon à l’égard des agriculteurs et c’est regrettable ». Selon elle, « on ne peut pas prendre des cas isolés de maltraitance animale pour discréditer » l’ensemble du secteur de l’élevage. Alain Griset, ministre chargé des PME, a pour sa part indiqué : « Le temps de l’agriculture est long, il faut assurer des transitions adaptées au marché, sans quoi nous serons rapidement confrontés à une augmentation de produits importés à moindre coût venant de pays qui ne respectent pas nos principes ». Il a également réaffirmé « l’intention » de voir la proposition de loi contre la maltraitance animale inscrite à l’ordre du jour du Sénat « avant la fin de l’année ».