Les autorités sanitaires alertent sur la dangerosité du gaz hilarant
Le protoxyde d'azote, utilisé notamment en cuisine dans les siphons à crème chantilly, peut provoquer à terme des atteintes neurologiques graves.
Pas cher et trouvable facilement en quantité le protoxyde d’azote coche toutes les cases pour se placer en tête des substances récréatives préférées des plus jeunes. Et c’est bien ce qui inquiète les autorités sanitaires qui, depuis quelques années, observent une augmentation importante de cas d’intoxication aux gaz hilarants. Une pratique qui peut, à terme, engendrer des graves conséquences.
46 intoxications en 2019
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a mené une enquête sur le phénomène « proto » sur les 3 dernières années et en a publié les résultats ce 9 juillet 2020.
Entre 2017 et 2019, 66 signalements d’intoxications graves au protoxyde d’azote ont été relevés dans les Centres antipoison de l’Hexagone, dont 46 rien que pour l’année 2019. Les projections effectuées par l’agence indiquent que la situation devrait encore s’aggraver en 2020. Aussi, l’étude ne prend en compte que les cas qui ont fait l’objet d’une déclaration, ce qui laisse imaginer que de nombreux cas passent sous les radars des autorités.
Alors que l’on pensait que le gaz hilarant était avant tout consommé par les plus jeunes, l’étude démontre que l’utilisateur « type » est un homme de 20 à 25 ans consommant la substance dans un usage festif. Mais de plus en plus de cas d’addictions profondes font leur apparition.
En vente libre sur Internet
Si le protoxyde d’azote est de plus en plus populaire, il le doit à plusieurs choses. La première est sa facilité d’accès. Très réglementé en médecine, le protoxyde d’azote est également utilisé en cuisine, notamment pour monter des crèmes chantilly et des émulsions. Il est très simple de se procurer des bombonnes, notamment via des sites web spécialisés. Il est alors consommé en le vidant dans un ballon de baudruche avant d’être inhalé.
L’effet euphorisant est immédiat et, dans la plupart des cas, s’estompe en quelques secondes. Mais chez certains utilisateurs, les conséquences peuvent être graves. Sur les cas d’intoxication relevés dans l’étude de l’Anses, 42 avaient « au moins un symptôme neurologique ou neuromusculaire » (tremblements, fourmillements, contractions involontaires…). Cinq ont subi « des symptômes de gravité forte », notamment des convulsions et l’un des patients « a présenté un arrêt cardio-respiratoire avec découverte d’une pathologie cardiaque lors de son hospitalisation ».
Plus inquiétants, les problèmes neurologiques liés au protoxyde d’azote persistent dans certains cas, même après sevrage. Fourmillements permanents, contractions musculaires involontaires, ou démangeaison font partie des symptômes irréversibles relevés.
L’Anses exhorte les autorités à se saisir de la problématique, en régulant de manière plus stricte la vente de protoxyde d’azote. Plusieurs villes ont d’ores et déjà interdit la vente de gaz hilarant aux mineurs. Une proposition de loi sur le sujet a été adoptée au Sénat, elle doit désormais être validée par l’Assemblée nationale.