Les nanoparticules de l’additif E171 peuvent traverser la barrière du placenta
Le dioxyde de titane est largement utilisé dans l'alimentation, mais aussi les cosmétiques ou encore le dentifrice. On ne sait pas encore si cela représente un danger pour le fœtus.
Le controversé additif E171, ou dioxyde de titane, fait encore parler de lui. Présent dans de nombreux dentifrices, mais aussi largement utilisé en Europe dans l’alimentation pour ses propriétés colorantes et opacifiantes, ses nanoparticules sont désormais accusées de travers la barrière du placenta. Si l’on savait déjà qu’elles pouvaient via le sang atteindre le foie ou la rate, le Haut Conseil de Santé publique avait demandé que des études viennent déterminer les risques chez les femmes enceintes.
Vingt-deux placentas analysés
Et c’est Éric Houdeau, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) qui a mené cette étude. Les travaux “montrent pour la première fois que l’exposition chez la femme enceinte existe et qu’il y a un risque de passage” vers le fœtus, explique le chercheur. A France Inter, il précise qu’auparavant, “Pour apporter une preuve ultime que les nanoparticules de dioxyde de titane alimentaire étaient aussi susceptibles de passer au travers du placenta, nous avons perfusé des placentas avec une solution de E 171 alimentaire”. Une heure après, preuve était apportée que la barrière du placenta avait bien été franchie.
Un risque pour le fœtus ?
En ce qui concerne le fœtus, 18 échantillons de méconium (selles de nouveau-nés) ont été recueillis et si seulement 50% d’entre eux contenait des nanoparticules, elles s’y trouvaient en concentration plus forte. “Logique” selon Éric Houdeau, “car le méconium est la dernière matrice qui reçoit tout ce à quoi est exposé un fœtus pendant la grossesse”. Cependant, d’autres études seront menées “chez l’animal, pour voir si ce passage peut s’accompagner, éventuellement, d’un effet toxique sur le développement foetal”, conclut-il. Et c’est l’Agence Nationale de la Recherche qui les financera.