Malgré une année record en Europe, Amazon échappe à l’impôt sur les sociétés
Le géant du commerce en ligne a réalisé 44 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2020. C'est grâce à sa filiale luxembourgeoise qu'Amazon a réussi à y échapper.
Champion des ventes et de l’optimisation fiscale. Amazon EU Sarl, la branche du géant américain de l’e-commerce en charge de l’activité européenne, n’a réglé aucun impôt sur les sociétés au titre de l’exercice 2020. Et ce, malgré une très belle année en terme de chiffre d’affaires, qui s’élève à 44 milliards d’euros. Entre 2019 et 2020, ce chiffre d’affaires a grimpé de 12 milliards d’euros, sans que soient détaillés les chiffres par pays, dans un document transmis aux autorités fiscales du Luxembourg, où Amazon est enregistrée.
La filiale luxembourgeoise
Comment est-ce possible ? En prenant appui sur sa filiale luxembourgeoise et en faisant apparaître une perte de 1,2 milliard d’euros sur les comptes. Et grâce aux lois du Grand-Duché, Amazon a pu accueillir à bras ouverts 56 millions d’euros de crédits d’impôt qu’elle pourra invoquer en cas de futures profits. Et enfin, éviter d’éventuels nouveaux impôts.
La “campagne d’évasion fiscale incessante d’Amazon”
Dans le quotidien britannique The Guardian, la députée travailliste Margaret Hodge a dénoncé la “campagne d’évasion fiscale incessante d’Amazon (…) Les revenus d’Amazon sont montés en flèche pendant la pandémie alors que nos rues sont en en difficulté, mais la firme continue de transférer ses revenus vers de paradis fiscaux comme le Luxembourg pour éviter de payer sa juste part d’impôt”. Et ce, avec le “silence assourdissant” des autorités. Même son de cloche pour Paul Monaghan, dirigeant d’une association britannique pour la justice fiscale, et toujours dans les colonnes du Guardian : “Ces chiffres sont hallucinants, même pour Amazon. Nous constatons une domination du marché mondial qui se développe de manière exponentielle en s’appuyant sur des revenus qui continuent à échapper majoritairement à l’imposition”.
Amazon se justifie
La firme de Seattle se défend en affirmant payer “toutes les taxes requises dans tous les pays où nous exerçons nos activités. L’impôt des sociétés est fondé sur les bénéfices et non sur les revenus, et nos profits sont demeurés faibles en raison de nos investissements importants”. Le porte-parole ajoute que 78 milliards d’euros ont été investis en Europe, des emplois créés, et qu’ils donnaient lieu à “d’importantes recettes fiscales et locales”.