Pénurie de masques de protection : la responsabilité de Jérôme Salomon pointée par la Commission d’enquête du Sénat
Dans son rapport, elle pointe que cette pénurie "est également la conséquence de choix antérieurs, tout au long des années 2010".
Jeudi, la Commission d’enquête du Sénat sur la crise du Covid-19 a rendu public son rapport. Dans celui-ci, elle souligne “un défaut de préparation, un défaut de stratégie ou plutôt de constance dans la stratégie et un défaut de communication adaptée” de la part du gouvernement. Mais plus particulièrement, elle pointe la responsabilité du numéro 2 du ministère de la Santé, Jérôme Salomon, dans la pénurie de masques subie par la France au début de l’épidémie. Elle impute “directement cette pénurie à la décision, prise en 2018 par le directeur général de la santé de ne pas renouveler le stock de masques chirurgicaux”. Une décision qui, concède la Commission, “est également la conséquence de choix antérieurs, tout au long des années 2010”.
Le tournant d’octobre 2018
Après de multiples auditions menées au cours de derniers mois, les sénateurs concluent qu’“Alors qu’il s’établissait à 754 millions d’unités fin 2017, le stock stratégique de masques chirurgicaux n’en contenait plus que 100 millions fin 2019”. Que s’est-il passé entre-temps ? A l’automne 2018, au mois d’octobre plus précisément, François Bourdillon qui est alors à la tête de Santé publique France, informe le Pr Salomon que “613 millions de masques chirurgicaux sans date de péremption acquis au mitan des années 2000 sont non conformes et ne peuvent en conséquence être utilisés. En outre, il lui est indiqué que le stock se compose désormais de 99 millions de masques chirurgicaux, dont 63 millions périment fin 2019”.
Un stock non reconstitué
Puis, “Informé de la situation des stocks en 2018, le DGS a pourtant choisi de ne pas les reconstituer, sans en informer la ministre” Agnès Buzyn. D’après les sénateurs, Jérôme Salomon a “ordonné l’achat de seulement 50 millions de masques (50 millions supplémentaires si le budget le permettait), soit moins que la quantité nécessaire ne serait-ce que pour renouveler ceux arrivant à péremption fin 2019”.