Protéger les enfants des violences conjugales vicariantes : des stratégies de lutte
Les enfants se retrouvent souvent pris au piège dans les conflits parentaux, utilisés comme des pions pour infliger de la douleur à l'autre parent, une situation qui tend à s'aggraver après la séparation. Comment pouvons-nous les protéger de ces dommages psychologiques ?
TL;DR
- La violence vicariante fait référence à l’abus d’enfants pour nuire à l’autre parent.
- Ce phénomène est souvent intensifié après la séparation des parents.
- Malgré sa gravité, cette forme de violence est largement ignorée par le public et les médias.
Violence vicariante : un fléau méconnu
La violence vicariante, un terme peu connu du grand public, cache un drame profondément ancré dans notre société. L’enfant, souvent utilisé comme un outil de torture psychologique par l’un des parents pour faire souffrir l’autre, est la victime directe de cette violence. Cette forme d’abus s’intensifie souvent après la séparation du couple.
Comprendre la violence vicariante
Défini pour la première fois par la psychologue argentine Sonia Vaccaro en 2012, le terme « vicariante » vient du latin vicarius, signifiant « remplaçant ». Dans ce contexte, l’enfant est utilisé comme un substitut pour atteindre l’autre parent. Vaccaro explique : « La violence est exercée sur les enfants pour blesser la femme. C’est une violence secondaire à la victime principale qui est la femme. […] Le maltraitant sait que blesser, tuer les fils/filles, c’est s’assurer que la femme ne se rétablira jamais. »
Cette forme de violence comprend plusieurs aspects, dont l’inceste, le dénigrement, les coups et le contrôle. Selon les statistiques du ministère de l’Intérieur pour l’année 2022, 12 enfants ont été tués dans un contexte de violences conjugales, représentant le stade le plus atroce de la violence vicariante.
Un sujet tabou dans la société
Malgré le nombre croissant de victimes, la violence vicariante reste un sujet peu discuté dans le débat public et les médias. Les professionnels du droit, en particulier, manquent souvent de sensibilisation à ce sujet. Khadija Azougach, avocate, anthropologue et secrétaire générale de l’association Lawyers 4 women, déplore : « On n’est pas formé à ce sujet, comme s’il n’était pas juridique, comme si ce n’était pas une forme de violence. »
Agir contre la violence vicariante
Pour combattre ce fléau, il est crucial que les victimes et les travailleurs sociaux s’approprient le terme de violence vicariante afin de mieux comprendre et décrire la violence subie. De plus, l’autorité parentale de l’agresseur peut être remise en question pour protéger l’enfant. Cependant, l’opposition des pères violents à ce que l’enfant soit suivi par un psychologue, souvent nécessaire pour établir un constat professionnel de la violence, rend la lutte contre la violence vicariante encore plus difficile.
Si vous êtes victimes ou témoins de violences sexistes ou sexuelles, n’hésitez pas à contacter le 3919.