Réchauffement climatique : Presque toutes les stations de ski européennes menacées
Des scientifiques originaires de France et d'Autriche ont mené une étude concernant le futur de 2 200 centres de sports d'hiver, en prenant en compte les différentes hypothèses d'augmentation des températures.
Le changement climatique menace les stations de ski européennes
Les Alpes du nord, ces derniers jours du mois d’août 2023, étaient blanches dès 2200-2500 mètres d’altitude, une image à laquelle il ne faut pas s’accoutumer. Les stations de ski, secteur touristique majeur, sont parmi les plus touchées par les modifications climatiques. En effet, en décembre dernier, en plein cœur des vacances scolaires, elles ont dû fermer leurs portes en France. Une étude publiée ce lundi 28 août 2023 dans la revue scientifique Nature climate change corrobore cette réalité inquiétante.
Une équipe de chercheurs, incluant des membres de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et de Météo France, avertit que le réchauffement climatique pourrait mettre en péril la majorité des stations de ski européennes.
Analyse minutieuse de 2 234 stations de ski
L’étude en question s’est concentrée sur l’évolution de l’enneigement annuel moyen, calculé entre décembre et février, dans un large panel de stations de ski européennes, selon diverses hypothèses de réchauffement climatique.
Au total, 2 234 stations ont été examinées, couvrant tous les États membres de l’UE, mais également l’Albanie, Andorre, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie, la Turquie, le Royaume-Uni, l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse. Deux scénarios ont été envisagés : l’un présumant un réchauffement global de 2 °C, l’autre de 4 °C.
“Sans recours à la neige de culture, il apparaît que 53 % des stations feraient face d’après ces modélisations à un risque « très élevé » de manque de neige si la hausse était de 2 °C. Avec une hausse de 4 °C, c’est presque la totalité des stations (98 %) qui se retrouveraient dans cette situation.”
L’article de Nature climate change
Ces chercheurs ont utilisé comme référence les chutes de neige moyennes entre 1961 et 1990, combinées à des modèles climatiques régionaux ainsi qu’à des données sur les conditions d’enneigement et à des informations géospatiales sur les zones de montagne.
Un risque élevé de manque de neige
Leurs conclusions sont sans appel : sans recours à la neige de culture, 53 % des stations seraient exposées à un risque “très élevé” de manque de neige si la hausse des températures atteignait 2 °C. Ce chiffre grimpe à 98 % avec une hausse de 4 °C. Cependant, l’usage de la neige artificielle pourrait réduire le nombre de stations à risque à 27 % (avec une hausse de 2 °C) et 71 % (avec une hausse de 4 °C).
Le dilemme de la neige de culture
Rappelons que la moitié des stations de ski mondiales se situent en Europe, où elles génèrent un chiffre d’affaires annuel supérieur à 30 milliards d’euros. Elles représentent une source de revenus cruciale pour les économies locales, bien que cela ne représente que 3 % des recettes globales directes liées au tourisme en Europe.
“L’Europe représente 60 % des visites annuelles des skieurs (43 % uniquement pour les Alpes européennes), ce qui correspondait à 209 millions de visites de skieurs en 2019 avant l’épidémie de Covid-19”
L’article de Nature climate change
L’étude souligne une “forte hétérogénéité des conditions de neige entre les zones de montagne” due à l’influence conjuguée du climat local et de la localisation des stations de ski. Elle met également en exergue les dangers de la neige de culture : sa production, en effet, pourrait accélérer le changement climatique en raison de sa forte demande en énergie, sans oublier l’important besoin en eau qu’elle génère.