Une étude sur l’évolution de nos relations avec nos voisins
Les chercheurs estiment que les pratiques de voisinage en France apparaissent "étonnamment stables". Mais sont différentes selon les "contextes sociaux et résidentiels".
Une chercheuse de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et un autre du Centre Max Weber ont étudié la façon dont nous nouons des relations avec nos voisins. Un décryptage publié dans le dernier bulletin de Populations et Sociétés. Ils se sont basés sur l’étude Mon quartier, mes voisins de 2018, et l’ont comparée avec une réalisée 35 ans plus tôt. Constat global ? Des relations de voisinage “étonnamment stables”, avec toutefois des nuances liées aux “contextes sociaux et résidentiels”.
“Nous ne voisinons pas tous de la même manière”
Car Jean-Yves Authier (Centre Max Weber) et Joanie Cayouette-Remblière (Ined) l’affirment, “nous ne voisinons pas tous de la même manière, ni avec n’importe qui”. Nous étions 75%, en 2018, à avoir passé la porte d’un voisin, et 72% à en avoir reçu un. Deux visites sur trois concernaient de la simple convivialité, le reste était lié à la garde ou la récupération d’enfants. Quels étaient les sujets de conversation ? De “petits riens” la plupart du temps, mais des conversations anodines qui constituent “l’occasion d’échanger des informations – sur les commerces du quartier, les établissements scolaires –, des opportunités d’emplois ou des contacts pour des services à domicile”.
Une fourchette d’âges à la pointe
Et cette relation “culmine entre 30 et 44 ans, chez les familles avec enfants, les propriétaires et les habitants fixés dans le quartier depuis au moins dix ans”, remarquent les deux spécialistes. Les contacts “augmentent avec le niveau de diplôme et les revenus”, et “Les discussions entre voisins sont plus variées en haut de la hiérarchie sociale”.
“Une faible mixité sociale”
Un autre constat ? “la faible mixité sociale des relations de voisinage dans les quartiers de mixité sociale programmée”. Si les auteurs de l’étude n’observent pas “de repli ou d’entre-soi lié au pays de naissance”, ils relèvent néanmoins que “ce sont les personnes nées en France qui sélectionnent le plus leurs relations en fonction de leur origine”. Plus précisément encore, “Les visites de convivialité et les échanges de service sont plus fréquents dans les quartiers bourgeois et gentrifiés ainsi que dans les communes rurales. Les habitants des quartiers de mixité sociale programmée échangent des services mais peu d’invitations”.