Vagues de chaleur aggravent dangereusement la pollution de l’air, mettant en péril le climat
L'OMM met en garde contre le lien entre le réchauffement climatique et la contamination de l'atmosphère : en raison des épisodes caniculaires, l'air vicié met en péril la santé des individus et des écosystèmes.
Le changement climatique et la pollution atmosphérique : une menace pour la santé et les écosystèmes
Les vagues de chaleur, exacerbées par le changement climatique, engendrent une « concoction diabolique » de polluants nocifs pour l’homme et l’ensemble du vivant, a prévenu l’ONU ce mercredi 6 septembre 2023.
Si les panaches de fumée engendrés par les feux de forêt, ayant asphyxié Athènes ou New York durant l’été, sont l’aspect le plus apparent de la pollution atmosphérique causée par les vagues de chaleur, celles-ci provoquent également une série de processus chimiques plus subtils et dangereux pour la santé.
« Les vagues de chaleur dégradent la qualité de l’air, avec des conséquences sur la santé humaine, les écosystèmes, l’agriculture et même notre quotidien », a mis en exergue le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), lors de la publication du Bulletin sur la qualité de l’air et du climat.
« Ce que nous observons en 2023 est extrême »
Une étude récente de l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago (EPIC) a démontré que la pollution par les particules fines – émises par les véhicules à moteur, l’industrie et les incendies – constitue « la menace extérieure la plus importante pour la santé publique » à l’échelle mondiale.
Le changement climatique et la qualité de l’air « sont intrinsèquement liés et doivent être combattus conjointement pour rompre ce cercle infernal », a insisté le directeur de l’OMM, précisant que si le Bulletin se base sur les données de 2022, « ce que nous observons en 2023 est encore plus extrême ».
Le mois d’août le plus chaud jamais enregistré
Le changement climatique amplifie la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur, et cette tendance devrait perdurer dans le futur.
Le mercredi 6 septembre 2023, le service européen Copernicus a révélé que le monde a vécu ses trois mois les plus chauds jamais recensés. Il s’agit également du mois d’août le plus chaud jamais enregistré, et du deuxième mois le plus chaud après juillet 2023.
Un consensus scientifique croissant indique que les vagues de chaleur vont accroître le risque et la gravité des incendies de forêt, alerte l’OMM.
« Les vagues de chaleur et les incendies de forêt sont étroitement liés. La fumée des incendies de forêt contient une concoction diabolique d’éléments chimiques qui affecte non seulement la qualité de l’air et la santé, mais endommage également les plantes, les écosystèmes et les cultures – et entraîne davantage d’émissions de carbone et donc plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère », a affirmé le Dr Lorenzo Labrador, responsable du réseau de surveillance de l’atmosphère et auteur du Bulletin.
La qualité de l’air et le climat sont interconnectés
Le changement climatique et les polluants atmosphériques, tels que l’ozone, les composés organiques volatils ou encore les aérosols, se manifestent sur des durées très différentes, mais sont néanmoins interconnectés.
« La qualité de l’air et le climat sont liés car les composés chimiques qui les affectent sont connectés, car les substances responsables du changement climatique et de la dégradation de la qualité de l’air sont souvent émises par les mêmes sources et car les changements dans l’un entraînent inévitablement des changements dans l’autre », ajoute encore l’OMM.
Concernant l’année 2022, l’Organisation rappelle que la longue vague de chaleur qui a frappé l’Europe a engendré une augmentation des concentrations de particules et d’ozone troposphérique (juste au-dessus de la surface terrestre).
Et ces concentrations ont dépassé le niveau recommandé par l’OMS sur la majeure partie du continent européen. Durant la deuxième moitié du mois d’août 2022, des quantités inhabituellement importantes de poussière désertique ont été observées sur la Méditerranée et l’Europe.
La coïncidence de températures élevées et de quantités élevées d’aérosols, et donc de teneur en particules, a affecté la santé et le bien-être humains.
Organisme Météorologique Mondial
La concentration d’ozone diminue également la quantité et la qualité du rendement des cultures alimentaires de base.
« À l’échelle mondiale, les pertes de récoltes dues à l’ozone sont en moyenne de 4,4 à 12,4% pour les cultures alimentaires de base, les pertes de blé et de soja pouvant s’élever à 15 à 30% dans les principales zones agricoles de l’Inde et de la Chine », selon le Bulletin.