Cohabitation menace Macron : comprendre la dissolution de l’Assemblée nationale
L'organisation de nouvelles élections législatives par le chef de l'État pourrait mener à la défaite de son parti et à l'instauration d'un gouvernement d'opposition. Cette décision ne risque-t-elle pas de se retourner contre lui ?
TL;DR
- Le président Emmanuel Macron risque la cohabitation.
- Les élections législatives pourraient conduire à un gouvernement d’opposition.
- La cohabitation n’est pas une nouveauté dans l’histoire française.
Emmanuel Macron face à une possible cohabitation
L’organisation de nouvelles élections législatives par le président Emmanuel Macron a ouvert la possibilité d’une cohabitation politique inédite. Une situation qui pourrait être le fruit des élections européennes, marquées par la victoire du Rassemblement national et l’échec de Renaissance.
Comprendre la cohabitation politique
La cohabitation, bien que non inscrite dans la Constitution de 1958, n’est pas une nouveauté dans l’histoire politique française. Cette configuration politique a commencé à se former dans l’esprit de nos dirigeants dès les années 1980. Edouard Balladur, secrétaire général de l’Élysée sous la présidence de Georges Pompidou, a été le premier à évoquer cette éventualité en 1983. Se référant à la cohabitation comme une « épreuve de vérité » pour les institutions, il a déclaré :
« Les responsables politiques auront le choix entre deux attitudes : ou bien rechercher l’affrontement, la majorité nouvelle tentant de paralyser le Président, le Président refusant de tenir compte dans la composition du Gouvernement de l’existence d’une majorité nouvelle ; ou bien tenter la cohabitation, ce qui suppose que chacun accepte d’être quelque peu empêché dans la liberté de ses mouvements et de ses choix, de ne pas appliquer tout de suite tous ses projets. »
La cohabitation en pratique
La cohabitation est devenue une réalité en 1986, en raison de la configuration des mandats présidentiels et législatifs. Les électeurs avaient la possibilité de désavouer la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, en désignant une majorité hostile au chef de l’État. De plus, l’histoire a vu plusieurs cohabitations, comme celle de François Mitterrand en 1988, Jacques Chirac en 1997 et la plus récente sous Lionel Jospin jusqu’en 2002.
La fin du septennat présidentiel
La cohabitation a été limitée par deux réformes majeures : la fin du septennat présidentiel et l’adoption de la loi organique du 15 mai 2001. Cette dernière a modifié la date d’expiration des pouvoirs de l’Assemblée nationale, limitant ainsi les risques de cohabitation en prévoyant un renouvellement quasi simultané du mandat présidentiel et de la majorité parlementaire. Cependant, la situation a aujourd’hui bien changé, et la cohabitation politique pourrait bien refaire surface dans l’avenir proche.