Procès des viols de Mazan : le défi des proches des accusés entre colère et soutien

Image d'illustration. Avocat palais de justiceADN
Certaines femmes, parfois des épouses, restent loyales aux accusés en assumant même la responsabilité des violences infligées. D'autres se sentent manipulées par ces hommes. Qu'est-ce qui pourrait expliquer une telle loyauté malgré la violence ?
Tl;dr
- Les compagnes des accusés au procès des viols de Mazan expriment des sentiments partagés.
- Quelques-unes assument la responsabilité des actes de leur partenaire.
- La violence sexuelle impacte non seulement les auteurs et les victimes, mais aussi leurs familles.
Le procès des viols de Mazan : un mélange d’émotions et de déni
Le procès pour les viols de Mazan, qui a repris le 4 novembre, a suscité une variété de réactions chez les compagnes ou ex-compagnes des accusés. Ces femmes expriment leur colère, incompréhension, compassion et parfois même un déni total des actes commis.
Rejet et accusation
Parmi ces femmes, Vanessa P. n’a plus aucun respect pour son ex-compagnon, Quentin H., qui avait répondu à l’invitation de Dominique Pelicot de violer son épouse. « C’est un manipulateur », a-t-elle déclaré, remplie de colère froide. Un sentiment partagé par Emilie O., qui a qualifié son ex-mari, Hugues M., de la même manière.
La tragédie d’une vie brisée
Cilia M., une autre victime, a témoigné de sa douleur. Entre 2015 et 2018, son mari, Jean-Pierre M., et Dominique Pelicot l’ont violée plusieurs fois. « C’était quelqu’un de merveilleux. Il nous a anéantis », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle ne pardonnerait jamais à son ex-mari.
Entre soutien et déni
Cependant, d’autres femmes comme Samira T. et Sonia R. continuent à soutenir leurs compagnons accusés. « si on s’est rencontrés, ce n’est pas un hasard, j’avais cette mission », a déclaré Samira T. au sujet de son compagnon, Jérôme V., accusé de viol.
Véronique Le Goaziou, chercheuse associée au Laboratoire méditerranéen de sociologie, explique que dans les affaires de violences sexuelles, les proches des accusés ont parfois eux-mêmes du mal à imaginer la violence. « Les violences sexuelles n’impactent pas seulement les auteurs et leurs victimes, […] ce sont des familles entières qui en subissent les conséquences. […] Quant (aux compagnes), elles sont dans une forme de sidération ».
La violence sexuelle ne laisse personne indemne. Au-delà des victimes et des auteurs, elle ébranle leurs familles, laissant des traces indélébiles sur leur vie.
